L’hibernation dure 3 ans
Tout commence avec une idée.
On se connait depuis 4 ou 5 ans, on aime le confort de cette confiance si précieuse qui s’est installée, de ce quotidien à deux si doux. Et au hasard d’un service rendu, on collabore sur un projet, et on se surprend à glousser et à se séduire à nouveau comme au début, et ça nous rapproche encore plus.
C’est là que nait l’idée. Un projet, rien qu’à deux. Pas un grand projet, pas un projet rentable, mais un projet pour nous, pour ne pas oublier qu’on est amoureux. L’idée germe tranquillement, l’enthousiasme colore les joues et les discussions, les esquisses se précisent.
Puis, comme parfois avec les projets sans franche échéance, cette jeune pousse prometteuse se laisse engloutir sous l’avalanche d’injonctions de la vie d’adulte, sous les projets, pas moins beaux mais plus pressants, plus grandioses.
Mais elle ne flanche pas, et elle attend sagement, passagère calme et polie de nombreuses to-do list au fil des mois, qui s’étirent en années. Et son heure finit par arriver : elle embarque discrètement à bord d’un autre projet, d’envergure, celui-là avec une échéance bien nette, qui sonne la fin de la vie à deux, forçant enfin le ralentissement espéré dans cette frénésie de la vie de trentenaires. Alors on prend le temps de se retrouver à deux, et de déterrer avec précaution la jeune pousse. Et on s’émerveille à nouveau de cette idée, de notre investissement respectif dans son développement, qui sublime les qualités qu’on se connait déjà, mais qu’on oublierait presque, quand on croule sous nos joyeuses occupations habituelles.
Tout a commencé avec une idée, qui certes a pris son temps pour éclore en une fleur qu’on ose enfin montrer, mais qui ne témoigne que mieux de cette complicité et cette admiration réciproque que les années n’ont pas su ternir.
Et comment mieux célébrer l’aube de cette vie nouvelle ?